POEME A CLARISSE
Tu ne sais du printemps que les fleurs, et du monde
tu ne connais que ta marraine et tes parents.
On t'a dit qu'à vingt ans ta grand-mère était blonde !
toi, tu sais seulement qu'elle a des cheveux blancs.
Tu grandis, et parfois les vieux viennent te dire :
" Petite fille, aussi, vous serez vieille un jour !"
Mais tant de joie alors éclate dans ton rire
qu'ils ne sont plus très sûrs et qu'ils rient à leur tour.
Tes yeux ont des douceurs d'attente et d'habitude.
Ils écoutent. Tu viens, tu dis : " Expliquez-moi !"
Et ta grâce ignorante a tant de quiétude
que ta mère est souvent timide devant toi.
Dans la maison chaque objet t'aime et te mérite.
Tout pâlit et s'éteint dès que tu n'es plus là.
Ton père, mon enfant, mourra si tu le quittes.
Tu le sais. Et pourtant, un jour, tu t'en iras.